Le vin fait partie du patrimoine français. Mais quelle est l'importance du terroir ?
Ce mot mystérieux qui regroupe les notions de sol et de sous-sol, de relief et de climat, d'histoire et de savoir-faire ?
Le socle du vignoble de notre région est entièrement issu des incursions marines durant la période de l'ère secondaire. Durant cette période la mer dépose d'épaisses couches de craies, de marnes, de sable et des grès. Le sous-sol est constitué principalement de ces craies appelées Tuffeau. Le tuffeau jaune
(25 à 30 m d'épaisseur) recouvre le tuffeau blanc (40 m d'épaisseur environ).
Le tuffeau est une pierre tendre, une craie micacée et grenue.
Toujours au Crétacé à l'étage Sénonien des argiles et des sables vont se déposer sur le tuffeau. Toujours dans cette période du Cénomanien et du Turonien vont se former les couches argilo-siliceuses qui vont s'altérer avec le temps pour se transformer en argile à silex. Voilà la base du sous-sol de St Julien, les argilo-calcaire et les argilo siliceux, que l'on appelle aujourd'hui les Aubuis. Nous avons à St Julien la rue des Auboeufs qui est une évolution du mot aubuis.
Ere tertiaire ou Cénozoïque, à l'époque Eocène, la sédimentation au fond des lacs forme les calcaires lacustres de Beauce, dans la vallée du Cher ce sont les calcaires de Beauce.
A l'époque Miocène moyen (- 15 Ma), une transgression atlantique envahit la vallée de la Loire de Nantes à Blois. Elle dépose des sables calcaires riches en mollusques : les faluns.
Histoire des coteaux de saint Julien « carte coupe côteau »
La Loire et ses affluents vont creuser leur lit et former les coteaux qui supportent la vigne actuellement. Sur les terrasses, le long des cours d'eau, vont se déposer des alluvions composées de sables et de graviers provenant de l'érosion, mélangées à de l'argile et parfois à du silex.
La géomorphologie de ce contrefort du Cher où notre commune s’est implantée au début du Moyen Âge, permet de comprendre la genèse de nos coteaux.
Au fil du temps, sur ce sol argilo-calcaire à silex, se développe sur tout notre territoire la « foresta de Cheltone vel de chedonic » : la forêt de Chédon.
Les seigneurs propriétaires des forêts donnent des terres aux abbayes.
L'abbaye St Julien de Tours et l'abbaye de Villeloin se voient attribuer la forêt de Chédon. L'abbaye St julien de Tours développera en 1134 le prieuré de Chédon. Les moines pouvaient alors jouir de leur forêt, défricher, ensemencer, manger leur gibier, le miel de leurs ruches planter les premières vignes et vénérer Saint Julien, martyr de Brioude du IVe siècle, en leur beau territoire de Chédon.
Histoire de la vigne
Durant l’Antiquité le commerce des vins est particulièrement prospère et c'est une des raisons premières de l’expansion et de l’implantation de colonies romaines en Gaule notamment dès le 1er siècle.
Sous la domination romaine, notre territoire fait partie de la cité des Turones dont le chef-lieu est « Casaroduno » (Tours). La grande voie romaine de « Casaroduno à Avaricum » (Tours à Bourges) favorise l’implantation des vignobles. La ville romaine de « Tasciaca » (Thésée) s'est développé grâce à la production de céramique. Les poteries fabriquées sont destinées aux transports de denrées et de liquides comme les huiles et le vin. Descendant le Cher et la Loire le vin arrivait jusqu'au port de
« Ratatium » (Rezé, au sud de Nantes).
N’ayant pas de cépage local, les « Bituriges » vont sélectionner et créer un cépage donnant « une vigne féconde, qui s’accommode d’un sol pauvre, qui supporte le froid, qui vieillit bien ». Selon Louis Levadoux et Guy Lavignac la « Biturica » trouverait ses origines à partir d’une lambrusque sauvage.
Après le déclin de l’Empire romain, les moines sauvent le capital génétique de la Biturica en conservant des parcelles autour des églises et des abbayes. C'est ainsi que les moines de St Julien défrichèrent quelques acres de la forêt de Chédon pour y implanter de la vigne au XIIe siècle.
Le Chenin est sans aucun doute d’origine Angevine. On le connaît avec certitude en Anjou dès l’an 845. Il passe ensuite sans doute en Touraine sous le Plan d’Anjou grâce à Thomas Bohier (1460-1523) seigneur de Chenonceaux qui souhaite planter une vigne autour du magnifique château qu’il vient d’acquérir. Au milieu de plusieurs cépages en provenance de nombreuses régions de France, seul le Chenin s’adapte et voit sans doute son nom dérivé de celui du château, Henri II en raffole. Il prend son essor au XVe siècle, en Touraine et en Anjou, Rabelais en parle abondamment dans Gargantua, preuve que le Chenin est déjà à l’époque le grand cépage de la Loire.