Des siècles durant, le loup a cohabité avec l'homme. Sur un même territoire, homme et loup se sont longtemps affrontés dans une lutte sans merci. Dans l'histoire de l'Europe, le loup a été considéré comme le premier ennemi de l'homme et la peur de l'animal s'est ancrée dans notre patrimoine culturel. Parmi les raisons de cette hostilité et de la peur que le loup a suscitée, il faut mettre en premier les attaques du prédateur sur le bétail domestique, qui ont porté un préjudice à de nombreux secteurs de l'économie, au-delà même de l'agriculture, jusqu'au XIXe siècle. Mais il ne faut pas occulter pour autant les attaques du loup sur l'homme en personne, qui ne tiennent pas de la légende : leur réalité a longtemps été effective et toujours dramatique bien qu'inégale dans le temps comme dans l'espace. En l'état de la recherche, ces faits-divers tragiques semblent avoir été nombreux en France.
Le Loir-et-Cher fait partie des départements où il y a eu le plus d'enfants attaqués par des loups. En plusieurs générations, entre le milieu du XVIIe et le milieu du XIXe siècle, les habitants de la Touraine ont connu les violents épisodes de la confrontation entre l'animal et l'homme.
L'une des zones les plus touchées reste le cœur du Val de Loire. Sur presque un siècle et demi, des loups anthropophages ont plongé la Touraine dans un climat de peur continu.
Les campagnes du Loir et Cher réunissent à elles seules plus de la moitié des attaques de loups sur des êtres humains notamment sur les femmes et les enfants. 34 victimes dans les communes voisines de Saint-Julien. Nulle part ailleurs, on observe pareille concentration.
Dans la désignation de l'agresseur, chacun a sa propre terminologie : si le curé de Monnaie ne connaît que des attaques de loups, celui de Vallières-les-Grandes ne voit que des bêtes féroces ; à Chaumont-sur-Loire il n'est question que de « la » bête mais ailleurs, comme à Souvigny-de-Touraine, à Orbigny et Céré-la-Ronde les avis semblent plus partagés. Indépendamment de ce vocabulaire, les effets sont les mêmes : « loups carnassiers » ou « mauvaises bêtes » manifestent le même appétit pour la chair humaine.
D'un foyer à l'autre des battues se mettent en place, parvenant parfois à abattre un loup supposé avoir dévoré de la chair humaine, une autopsie venait apporter une macabre confirmation. À Orbigny (Indre-et-Loire), le jour même où l'on enterre Jeanne, une fille de 17 ans « mangée au tiers par un loup qui a bien ravagé d'autres personnes », une huée* aux loups est organisée.
En 1869, à Saint-Julien, alors que son père travaillait dans la vigne aux Pinardières, le petit Louis fut poursuivi par un loup, heureusement cela se termina bien.
Le dernier loup fut tué à Montpoupon peu de temps après.
*Huée aux loups : autrefois, rassemblement de centaine de personnes qui affolaient par leur bruit et rabattaient les loups vers de grands filets.
Sources : Jean-Marc Moriceau : professeur d'histoire université de Caen spécialiste de l'histoire des loups