Un lavoir est un bassin alimenté en eau généralement d'origine naturelle qui a pour vocation première de permettre de rincer le linge.
La lessive se fait traditionnellement à la maison. Le linge n'est alors lavé que deux fois par an (la lessive devient mensuelle dans les années 1900 et hebdomadaire dans les années 1930). Ces « grandes lessives », appelées « buées », durent généralement trois jours : le premier, le linge est immergé dans d'énormes baquets de bois pour un premier décrassage ; le deuxième, le linge est lessivé dans ces mêmes baquets ou d'autres cuves, recouvert d'une toile sur laquelle on pratique le coulage, c'est-à-dire le versement de l'eau bouillante à l'aide d'un récipient à long manche sur une épaisse couche de cendres dont le carbonate de potasse constitue un excellent agent nettoyant ; le troisième, le linge est rincé et essoré au lavoir, dernière étape avant le séchage.
À l'origine, le lavoir est une pierre plate ou une simple planche posée au bord d'un cours d'eau, d'une mare ou d'une source, sans abri. A la fin du XVIIIe siècle, la pollution due à la révolution industrielle, les épidémies, obligent les communes à se munir de constructions spécifiques avec des bassins situés au bas d'une prairie, en contrebas d'une source ou d'une fontaine, en bordure d'un ruisseau, d'un canal, d'une rivière ou d'un fleuve où peut être amarré un bateau-lavoir.
Le lavoir reste en usage jusqu'au milieu du XXe siècle, mais leur utilisation est progressivement abandonnée au cours de ce siècle. Malgré la résistance au progrès des lavandières, le lavoir est remplacé par les lessiveuses, puis par les machines à laver vers 1950 et les laveries automatiques. Il subsiste toutefois de nombreux témoignages de ces sites pittoresques aux styles architecturaux d'une grande variété selon les régions et périodes historiques.
Le bord du lavoir comportait en général une pierre inclinée. Les femmes, à genoux dans une sorte de bac en bois, appelé « selle » ou « garde genoux », jetaient le linge dans l'eau, le tordaient en le pliant plusieurs fois, et le battaient avec un battoir en bois sur la pierre afin de l'essorer le plus possible. En général, une solide barre de bois horizontale permettait de stocker le linge essoré avant le retour pénible en hotte, brouette, carriole ou charrette vers le lieu de séchage.
Le blanchiment du linge était assuré avec de la cendre de joncs ou de bouleau, puis un ajout de quelques boules de bleu (poudre à base d'indigo) pour l’éclat et des racines de saponaires pour l'assouplir ; enfin elles le parfumaient à l’aide de rhizomes d’iris jaune.
Les lavoirs avaient une importante fonction sociale. Il n'est pas seulement un bâtiment où les femmes lavent leur linge, c'est aussi un espace public ouvert, rempli de vie, de bruit et de cancans.
Lieu de vie convivial réservé aux femmes on y échange des informations loin des regards des maris ou des pères, une sorte de double du café du village.
Le lavoir n'exclut pas la solidarité, ne serait-ce que pour tordre le drap toujours à deux en sens inverse. Même si quelquefois des conflits surgissaient.
Mais il est également réputé pour être un lieu de médisance :
« Au lavoir, on lave le linge, mais on salit les gens »
Des « codes » se sont développés autour des lavoirs : règles officielles relatives à leur fréquentation, interdits religieux, traditions à respecter, hiérarchie, la place la plus prisée près de la fontaine est réservée d'office à la plus ancienne blanchisseuse...
Autour des lavoirs il y a de nombreuses légendes dont celle des « Lavandières de la nuit »
Les Lavandières nocturnes appartiennent à la grande famille des « Dames blanches » :
Lorsqu'un homme s'approche, les lavandières lui demandent de les aider à essorer en tordant leurs linges ou linceuls. Il faut alors impérativement le tordre dans le même sens qu'elles pour qu'elles se lassent et abandonnent. Malheur à celui qui se trompe, il a les bras happés et brisés par le linge qui finit par l'entourer jusqu'à l'étouffer. S'il refuse de les aider elles l'enroulent dans les linges et le noient dans le lavoir, tout en le frappant avec leurs battoirs.
Selon George Sand, les lavandières de nuit sont des mères qui sont maudites pour avoir tué leurs enfants :
« Les véritables lavandières sont les âmes des mères infanticides. Elles battent et tordent incessamment quelque objet qui ressemble à du linge mouillé, mais qui, vu de près, n’est qu’un cadavre d’enfant. Chacune a le sien ou les siens, si elle a été plusieurs fois criminelle. Il faut se garder de les observer ou de les déranger ; car, eussiez-vous six pieds de haut et des muscles en proportion, elles vous saisiraient, vous battraient dans l’eau et vous tordraient ni plus ni moins qu’une paire de bas. »